✍️ Le post-partum avec Anna Roy - Les notes de la masterclass

Quand on devient parent, on va se décentrer. Avant, on vit par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Avec un enfant, on va vivre en quelqu’un d’autre pour quelqu’un d’autre. C’est un changement majeur dans l’existence qui nous rajoute une nouvelle identité (sans se décharger pour autant des anciennes).” -Anna

💡 Les trois grandes questions du post-partum selon Anna

1️⃣ C’est quoi ?

La définition médicale et “officielle” du post-partum : désigne cette période allant de la sortie du placenta au retour des premières règles.

Selon Anna, que l’on se le dise, le post-partum est une période transitoire qui dure 3 ans.

“C’est une période beaucoup plus bouleversante que la puberté ou la ménopause.”

2️⃣ C’est bien ou c’est horrible ?

Le post-partum est une expérience profondément universelle : chaque mère traversera cette période à la naissance de son enfant. Et en même temps, chaque post-partum est unique. Une même femme peut avoir 4 enfants et 4 post-partum différents.

C’est un renversement de l’existence, au même titre que sa propre naissance ou sa propre mort. Maintenant, on vit en quelqu’un d’autre, pour quelqu’un d’autre avec la responsabilité de quelqu’un d’autre.

Le plus souvent, c’est une expérience ambivalente, “comme quelqu’un qui ferait une transatlantique en solitaire.”

Si le suicide est la première cause de mortalité maternelle en France, il faut faire attention aux témoignages, ce n’est pas parce qu’une personne a souffert d’une dépression post-partum que vous serez dans le même cas.

LES 5 POINTS 🔑 D’ANNA : Alimentation, sommeil, activité physique, lien affectif et PLAISIR

3️⃣ Pourquoi c’est si bouleversant ?

Ce qu'il se passe dans votre corps (à des degrés divers selon chacun·e) :

  • L’énergie & le sommeil, c’est très dur : les nuits fractionnées peuvent n’avoir aucun effet sur certain·es mais pour 99%, ils peuvent être une souffrance.
  • Le vécu corporel est différent pour chaque femme (difficile donc de prédire comment sera vécue cette période).
  • Le périnée avant la rééducation : restez assez tranquille, ne portez pas de charge lourde, ne faites pas trop de sport qui sollicite les abdos, évitez les mouvements d’abaissement durant le premier mois. Ce qui demande de la communication avec le/la co-parent.

Une chose est sûre : Il faut s'écouter !

Le mois d’or, par exemple, ne convient pas nécessairement à toutes les femmes.

En résumé : “Les 15 premiers jours, on sacrifie tout pour son bien-être physique ! Après, ça se passe bien”.

Ce qu'il se passe dans votre tête :

  • “Plus les coparents s’occupent du bébé plus ils peuvent faire une dépression.Non pas parce que c’est déprimant, mais parce que c’est éprouvant.”
  • “L’instinct maternel/paternel n’existe pas, la rencontre avec un enfant c’est comme une rencontre amoureuse, ça peut être un coup de foudre ou pas, et c’est OK.”
  • “Le post-partum, c’est à la fois bonheur intense & éprouvant pour la santé mentale.”

N'oubliez pas : votre santé mentale prime sur le reste. En cas de doutes / d'inquiétudes, parlez-en à votre sage-femme.

Ce qu'il se passe dans votre vie :

  • Des remous dans la vie pro : certain·es changent complètement de carrières à l’arrivée de leur enfant, ou changer de rythme de travail.
  • La sexualité est bouleversée - “La première chose que le corps fait quand il est fatigué c’est de baisser la libido. Le corps à d’autres chats à fouetter.”

✨ Les grands concepts/sujets que vous avez fait émerger

La dépression du post-partum

“Avoir un enfant, c’est extraordinaire, on approfondit sa connaissance de l’amour mais c’est une période à haut risque pour la santé mentale”

Il ne faut pas confondre baby blues, qui touche 80% des femmes (qui dure 15 jours maximum et qui est tout à fait normal !) avec dépression du post-partum. La dépression du post-partum touche 15 à 30 % des femmes et 10% des co-parents. Idéalement, elle est diagnostiquée par des psychiatres spécialisés périnatalité.

On observe 2 pics/2 périodes où les parents sont plus sujets à cette dépression : aux 3/4 mois du bébé et à ses 9 mois.

“Chat échaudé craint l’eau froide” - ce n’est pas parce que l’on a déjà fait une dépression du post-partum que l’on en refera une, au contraire ! Vous êtes déjà vigilante.

Les femmes qui ont des tendances anxieuses/dépressives ne sont pas forcément plus encline à avoir une dépression post-partum.

Ce type de dépression se traite TRES BIEN ! Ce n’est pas comme les autres états dépressifs. Il parfois peut suffire d’un arrêt de travail. Pour d’autres, la thérapie et parfois une aide médicamenteuse peuvent également être recommandées.

👉 Les tips/recos :

  • Avant l’accouchement, préparez-vous : s’informer, se documenter, mobiliser ses proches.
    • “J’aime bien cette histoire de témoin de naissance : c’est mobiliser des gens en leur disant qu’on les aime
    • Anticiper un suivi sage-femme à domicile (pris en charge par la sécu, vous avez droit à autant de visites que nécessaire).
    • L’entretien postnatal avec votre sage-femme est justement fait pour que vous puissiez parler librement de votre expérience de l’accouchement et de la parentalité : c’est VOTRE moment pour exposer toutes vos inquiétudes et vos doutes
    • Partager son expérience avec d’autres parents, mais seulement ceux qui vous font du bien.
  • Il faut agir dès que vous voyez que ça ne va pas ! Ne pas attendre et prendre un RDV avec une sage-femme.
    • Surveiller l’arrivée de phobies d’impulsion (images de drame), en avoir une à deux par jour est normal, mais il faut en parler si c’est plus fréquent.
    • Parler au minimum à 1 adulte par jour, hors co-parent.
    • Si vous faites ou avez fait une dépression prénatale et qu’elle n’a pas été traitée, vous êtes plus susceptibles de faire une dépression post-partum : consultez dès que vous sentez les premiers symptômes.
  • Le test EPDS est un test en quelques questions permettant de dépister une potentielle dépression du post-partum. Il peut être réévalué plusieurs fois, refait à chaque mois de la vie du bébé (à 1 mois, à 2 mois…) sans date de fin. Si le score est supérieur à 10, vous devez voir un professionnel.

Le post-partum et le couple

“Dans votre famille, qui est un système solaire, votre couple est le soleil, et vos enfants gravitent autour.”

2/3 des couples traversent un baby clash. Il faut le savoir pour le relativiser ET pour dès maintenant avoir en tête qu’il est essentiel de conserver des moments à 2. Les difficultés du couple dans ce moment là sont NORMALES. Elles peuvent parfois révéler des problèmes de couple déjà existants, mais généralement, tous les couples passent par un remaniement.  Parlez-en à une sage femme/un tiers extérieur.

Et bien sûr, il faut COMMUNIQUER: choisissez vos moments pour ne pas réagir à chaud, avec la fatigue qui pèse. La communication, c'est la base pour mieux se comprendre et pour préparer cette période sur tous les sujets comme :

  • La sexualité : 30% des couples ont repris une activité sexuelle à 3 mois et 97% un an après la naissance. Là encore, prenez le temps d’en parler.
  • Les nuits : Il est rare de pouvoir partager les nuits lorsqu’on allaite. Même si certains bébés s’adaptent au passage du sein au biberon, d’autres refuseront l’un ou l’autre.
  • Le congé paternité :chacun fait comme il veut mais avoir le premier mois tous les 2 c’est vraiment génial.

Avoir un enfant, c’est ajouter 8h de travail quotidien, il faut donc faire du mieux que l’on peut pour répartir les tâches équitablement.

👉 Les tips et recos :

  • Prendre des moments pour se parler calmement : “Il faut se faire violence pour faire des conseils de défense sans se hurler dessus et se dire les choses à chaud.”
  • Réserver du temps au couple : 1 dîner à 2 tous les 15 jours
  • Réserver du temps pour soi, vous pouvez avoir un “contre-don” : 4 heures par jour qui vous sont réservées, et où le coparent prend complètement le relai, par exemple -“Il faut que vous sachiez que vous avez une porte de sortie, c’est important pour ne pas tomber dans la dépression aussi.”
  • ☝ Si des douleurs périnéales vous embêtent, penser à consulter. Vous pouvez aussi consulter l’association “Périnée bien aimé”.

“La famille est un business. Sauf qu’on s’associe avec quelqu’un avec qui on ne se serait pas associée dans la vie pro, donc il faut s’organiser. C’est pas très romantique, mais ce pragmatisme permet d’être romantique à d’autres moments.”

Le post-partum et le sommeil

On le dit et on le répète : “La fatigue, c’est le pire ennemi.”. Parfois, il suffit de faire une siestte, et les problèmes s'envolent. Il faut donc privilégier le sommeil.

Quid, par exemple, de faire chambre à part, faire des tours de garde, ou de se rajouter des créneaux libres en journée ?

🚨 Alerte sur l’hyper vigilance : “vous êtes là comme un suricate sous amphétamines” c’est normal ! Cette hypervigilance est inévitable. Ceci étant dit, si elle vous empêche de dormir ou de vivre normalement : commencez par donner la responsabilité de votre enfant au co-parent ou tout autre proche de confiance pendant des créneaux choisis. Il va falloir ré-apprendre peu à peu à dormir, c’est normal. Si cela ne suffit pas : ne pas hésiter à aller voir un professionnel de santé.

👉 Les tips et recos :

  • Adresse mail pour aide gardes de nuit : babysittingbaudelocque@gmail.com = adresse mail de l’école de sages-femmes de Baudelocque, dédiée aux gardes de nuit. Envoyez votre annonce et elle sera transmise à toutes les étudiantes toutes promos confondues : les intéressées vous recontacteront.
  • Essayer de se détendre, (ne pas forcement essayer de dormir tout de suite) : prendre un bain, regarder Netflix pour casser le cercle vicieux.
  • Se faire fabriquer de vraies boules quies par un audio-prothésiste 😉.

Le post-partum et la reprise du travail

L’arrivée d’un enfant implique une grande remise en question sur son travail. C’est normal, potentiellement inévitable. Pour autant, ne pas tout envoyer valser la première année : vous vivez un tel chamboulement, qu’il est humain de tout remettre en question. Mais prenez le temps.

Prévoyez votre organisation ! À la reprise du travail, il faut faire un point pour se répartir les tâches qui étaient de base absorbées par la mère en congé. Autrement, c’est une vraie source de déséquilibre entre parents - ”CQFD, les femmes reprennent le boulot, elles ne dorment pas la nuit et travaillent le jour.”

Par exemple, vous pouvez avoir quelqu’un responsable d’une tâche qui le fait du début à la fin. Ne vous partagez les mêmes charges. Avoir un responsable par charge domestique précise, c'est un moyen d'éviter des sources de disputes. Si l’un est respo du linge, l’autre est respo des courses etc... Et personne ne peut dire quelque chose sur la tâche de l'autre.

👉 Les tips et recos :

  • Ne pas hésiter à donner l’argument de la dépression du post-partum pour avoir des arrêts maladie.

Et l’aide des proches pendant le post-partum ?

C'est une bonne idée ! C'est un moyen de permettre à votre entourage d'être utile. Vous verrez qu'ils s'impliqueront. Ça peut passer par :

  • Des témoins de naissance qui aident en fonction de leurs compétences.
  • L’aide des grands-parents ou famille quand cela est possible !

Il ne faut pas se sentir coupable de demander de l'aide. Cela créé d’autres figures d’attachement et des liens avec le bébé qui vont être très riches - “Faîtes-le pour votre enfant”!

Par ailleurs, contrairement à ce qu'on pourrait penser, les mères célibataires ne sont pas les plus sujettes à la dépression du post-partum. Pour cause : les proches sont mobilisés et attentifs, dès la grossesse !

C'est aussi le moment de faire le tri : Rapprochez des personnes qui vont du bien, éloignez-vous des autres.

“La naissance fait un tri, comme un deuil. Cette identité de parent va être énorme mais diminue avec le temps”.

De même pour les conseils non sollicités et potentiellement culpabilisants : “écoutez, dîtes “oui oui” et faites bien comme vous voulez” / “ Si vous n’êtes pas d’accord et souhaitez le faire savoir, soyez ferme ! S’il faut : mentez, remettez ça sur le dos d’un professionnel de santé, utilisé un argument médical qu’ils ne comprennent pas”.

Gardez en tête : IL N’Y A PAS DE RAISON DE CULPABILISER

Le post-partum pour un deuxième enfant

Le post-partum implique aussi un chamboulement pour vos aînés :

  • Quand ils sont jeunes, ils ne voient pas l’intérêt du nouveau bébé : “Ca crie, ça pleure, mes parents s’en occupent tout le temps, je ne peux pas jouer avec ou m’en occuper.”
  • Ce sont des individus complètement différents, avec des personnalités à eux.

“Ils peuvent vous faire payer l’addition sur autre chose, genre ‘je ne veux plus mettre mes chaussures’.”

👉 Les tips et recos
  • N’hésitez pas à dire aux grands-parents, à vos proches de “ne pas en faire de trop” avec le nouveau bébé pour ne pas blesser le premier.
  • Vous pouvez faire un petit livre cartonné avec les étapes de la journée qu’a vécu l’aîné quand il ou elle était bébé pour montrer la façon dont le petit frère / petite soeur risque de se comporter. C’est important de ne pas gommer les côtés négatifs, et de rappeler qu’il est totalement possible que pour ce bébé là, ce soir différent (ce bébé il dort dans ma chambre parce qu’il a besoin de manger 3 fois par nuit, ça pleure, ça crie etc.). L’idée est de lui faire comprendre que va être l’arrivée du bébé & que lui aussi l’a vécu.

👉 Vracs d’autres tips/recos

  • Voir/parler à au moins un adulte par jour, hors co-parent. Il existe des initiatives collectives qui peuvent vous faire du bien : le Club poussette (espace de discussion et de rencontre) ou du sel dans le café (qui recense des ressources pour vous faire du bien en postpartum).
  • Trouver ce qui vous fait du bien ! Faire du sport, se balader au Monoprix… chacun son truc. Gardez des moments pour VOUS.
  • N’ayez pas peur de poser cet enfant et de le laisser un peu pleurer si c’est nécessaire pour vous : un enfant qui va bien est un enfant dont les parents se sentent bien. Vous pouvez le laisser pleurer 5min pour aller prendre une douche, respirer un coup, et revenir au maximum de vos capacités. N’ayez pas peur non plus de PASSER LE RELAIS.
  • N’hésitez pas à parler et expliquer à votre enfant la situation (dissonance cognitive) : ils comprennent au minima l’intention.
  • Dans les familles recomposées, les 1ers enfants peuvent être très affectés. “Il faut aussi des moments à trois mais ça se fait très bien”
  • Les animaux : pas de soucis quand ils ne sont pas malades, c’est une grande chance !

👊 Les punchlines d’Anna…

"Le post-partum ne s’anticipe pas. A chaque naissance, on lance les dès. C’est une loterie.

J’étais la femme de France la plus préparée au post-partum, et même moi j’ai été surprise.

Souvent, ils s’en rendent compte à l’accouchement. Il se disent p*****, elle a fait ça ; la meuf c’est une héroïne !"

"Pour être heureux, le bébé a besoin que ses parents soient heureux. Moi par exemple, c’est d’aller au Monoprix, c’est comme ça que je me reconstitue psychiquement."

"Vous êtes les meilleurs parents pour cet enfant, quels que soit les choix que vous faîtes.

L’arrivée d’un enfant, c’est comme une balle de bowling, les quilles, c’est tous les pans de l’existence."

"Après un enfant, même quand ça chute sec au début, on devient une meilleure version de nous-mêmes."

"On fait comme on peut avec l’enfant que l’on a."

“C’est un peu chiant d’être la génération un peu pionnière : on en parle vraiment que depuis 2 ans.”

“Ne vous dites pas que le bébé préfère sa mère, c’est pas vrai. Le bébé il considère que les 2 coparents & lui sont une seule et même personne. Vous êtes un corps à 3 têtes pour lui.

“Ne vous dites pas que vous êtes des petites natures, pas du tout. Avant elles n’étaient pas plus fortes, elle se la moulait c’est tout.”

“C’est hyper facile d’utilisation un bébé, faites vous confiance. C’est rare d’être maltraitant.”

✊ … qui donnent le mot de la fin

“Tout passe !”

“Avoir un enfant, c’est la chose la plus merveilleuse qui soit, on comprend ce que c’est que le mot amour.”

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